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L'enfer "sanitérien"

L’angoisse ultime, l’énervement le plus profond, le moment que l’on redoute : se retrouver devant le rouleau de papier toilettes vide. Aucun entraînement, fut-il intensif, ne permettra d’éviter cette situation.
Mais, tout d’abord, mettons-nous en situation de combat. La lunette des toilettes est glaciale, froide. L’ambiance de cette pièce ressemble un peu à celle de la salle de douche du centre de vacances dans lequel vous ne vouliez pas aller, l’été 2005. Mais vos parents vous ont obligé à y aller. Cette salle de douche est celle où vous avez vécu votre pire souvenir hygiénique. Il vous hante ce souvenir, mais vous savez qu’il ne vous quittera pas. Kevin, le petit charlatan de la colonie vous avait piqué votre gel douche, votre serviette, et vos affaires et les avait remplacés par du shampooing à la fraise et une jupe rose à volant avec des petites fleurs. Vous n’aviez pas le choix, vous avez dû sortir en sentant la fraise et en portant une jupe à fleur. Vous êtes, depuis, hanté par les petits carreaux blancs du carrelage. L’odeur n’est pas agréable, votre père est passé juste avant vous, et a vidé la moitié de la bombe de déodorisant dans la pièce pour masquer l’odeur.
Et là, c’est le drame : plus de papier toilettes !

Désemparé, et sans défense devant le drame qui s’abat sur vous, votre lèvre inférieure commence à frémir de désespoir, les larmes vous montent aux yeux, une envie de crier votre rage face à ce monde vraiment trop injuste vous saisit. Vous voulez trouver un responsable. Dieu ou votre prof de français qui vous a collé un 7 l’autre jour (de toute façon, tout ça, c’est de sa faute !). Vous vous sentez seul, abandonné et vaguement ridicule.

Après selon vos dispositions, votre humeur, votre tempérament naturel et beaucoup d’autres facteurs votre choix d’action est multiple.

Pour l’énervé : vous criez dans toute la maison à l’hérésie et à la félonie. Votre mère, attristée par le sort de son petit chou, accourt vous apporter un nouveau rouleau. Vous êtes sauvé.
Pour les MacGyver : par un miracle origamictique, et un déroulage du rouleau en carton judicieux, vous arrivez à vous en sortir les mains presque propres.
Pour les malades : de toutes manières vous avez toujours un paquet de mouchoirs sur vous depuis cet hiver 2007, où vous avez attrapé un rhume qui semble durer à vie et qui vous oblige à vous moucher toutes les trente secondes.  Vous êtes donc paré à cette épreuve.
Pour les timides : vous n’osez pas dire un mot et vous attendez patiemment que quelqu’un décide de venir faire sa petite commission. Et parfois pendant longtemps.
Pour les dépressifs : vous fondez en larmes vous lamentant que le destin et le monde soient contre vous et refusent que vous avanciez dans la vie.
Pour les artistes : vous arrivez à sculpter un œuvre d’art dans un rouleau en carton vide en attendant que quelqu’un vous monte votre rouleau.
Pour les lecteurs sur le trône : vous hésitez un instant mais vous sacrifiez quand même un page de votre journal pour vous sauver.
Pour les chanteurs : vous écrivez une nouvelle chanson sur ce thème.
Pour les voyantes : vous ne tombez jamais dans le panneau, vous l’avez lu dans les cartes.
Pour les fauchés : « De toutes manières cela fait trois semaines qu’il n’y en a plus. »
Pour les invités : grâce aux nouvelles technologies, vous pouvez envoyer, à votre voisin de table, un message de secours pour qu’il vous rapporte un rouleau, discrètement.
Pour les amoureux de plantes vertes : vous vous disiez bien que cette plante aurait une utilité un jour ou l’autre.
Pour les suicidaires : vous aviez déjà prévu de faire quelque chose, mais alors là vous êtes vraiment au bout du rouleau : vous essayez de vous asphyxier avec la bombe désodorisante.

Et vous qui êtes vous ?

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